Malfrats
Ce trio a commis plusieurs agressions à Casablanca. Parmi les victimes venues présenter leurs témoignages devant la Cour, un père de famille sauvagement agressé et une adolescente violée collectivement. La justice a sévi : quarante-cinq ans de réclusion criminelle.
La salle d’audience de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca est ce jour-là pleine à craquer. Dans le box des accusés, trois jeunes hommes, visages fermés et regards fuyants. Agés de vingt-sept, vingt-neuf et trente-trois ans, chacun d’eux rejette en bloc les charges retenues contre eux, à savoir constitution d’une association de malfaiteurs, vols qualifiés, attentat à la pudeur sur une mineure et menace à l’arme blanche. Pourtant, face à leurs dénégations, la parole des victimes s’élève, lourde et blessée. Le premier à se présenter à la barre est un père de famille, quadragénaire, la voix empreinte d’un reste de frayeur. Il raconte cette soirée où, rentrant chez lui par son chemin habituel, il s’est retrouvé coincé dans une ruelle. Face à lui, trois ombres armées de couteaux, des visages qu’il n’oubliera jamais. Ils lui ont signifié froidement qu’il perdra la vie s’il ne leur donnait pas tout ce qu’il possédait. Sous la menace, il leur a remis les six cent dirhams qu’il portait dans sa poche et son téléphone portable. Mais cela ne suffisait pas, ils l’ont maltraité, exigeant davantage. Comme il ne pouvait leur donner l’impossible, il a reçu un coup de poing en plein visage. Il semble qu’il avait de la chance puisqu’ils n’ont pas usé de leurs armes blanches et l’ont laissé partir. Il est allé directement au commissariat de police pour porter plainte.
Après, c’était le tour d’une jeune fille de dix-sept ans de présenter son témoignage. Fragile, ne pouvant contenir ses larmes, elle avance vers les magistrats. D’une voix brisée par les sanglots, elle décrit sa mésaventure. Elle s’apprêtait à prendre un grand taxi, ce geste banal qui devait la mener chez elle. Soudain, les trois hommes ont surgi, lui barrant le passage. Il était 21 heures. Les lames brillaient dans la pénombre. Sans un mot, sans un cri possible, ils lui ont ordonné de les suivre. Sinon, elle paierait de sa vie, lui a chuchoté à l’oreille l’un d’eux. Muette de terreur, elle a obéi. Ils l’ont entraînée de force dans une chambre, au cœur d’une maison du quartier Moulay Rachid. Là, elle a été violée collectivement. Rejetée dans la rue, elle n’a trouvé sa liberté qu’à minuit, son corps et son esprit à jamais meurtris. D’autres victimes n’ont pas répondu à la convocation de la Cour. Mais leurs témoignages consignés dans les procès-verbaux de leurs auditions étaient accablants.
En fin de compte, face au poids des témoignages et à la force des preuves, les trois malfrats ont été condamnés à quinze ans de réclusion criminelle chacun.





