Etude
Une récente étude dévoilée par Policy Center for the New South propose une série de recommandations pour une refonte de la politique d’orientation des étudiants en vue de lutter contre la fuite des cerveaux.
Une nouvelle analyse de Policy Center s’est intéressée à la fuite des cerveaux. Intitulé «Entre fuite et gain de cerveaux, le rôle des politiques d’orientation pour les étudiants marocains à l’étranger» ce policy paper élaboré par Aomar Ibourk et Tayeb Ghazi apporte un éclairage sur l’alignement des dispositifs publics d’orientation des étudiants marocains à l’étranger avec les ambitions de développement du pays. Il interroge sur la capacité de ces mécanismes à transformer la mobilité étudiante d’une potentielle «fuite des cerveaux » en un véritable «gain de cerveaux». Chaque année, près de 60.000 étudiants marocains partent à l’étranger, représentant un capital humain précieux pour le développement du Royaume. Les auteurs rappellent que le Maroc a posé des fondations solides pour gérer cette mobilité, à savoir une direction ministérielle dédiée, un portail d’information centralisé (mabourse.enssup.gov.ma), et une politique de bourses axée sur l’équité pour permettre aux talents de toutes origines sociales d’accéder à des formations internationales. Ils estiment que les dispositifs mis en place, bien qu’utiles, sont principalement conçus pour faciliter le départ, sans stratégie claire pour organiser le retour. Ainsi, cette déconnexion risque de transformer une opportunité de «gain de cerveaux» en une «fuite des cerveaux» subie. Pour remédier à cette situation, des recommandations concrètes ont été formulées pour une refonte de la politique d’orientation marocaine. Pour passer d’une logique passive à une gestion stratégique du capital humain, plusieurs pistes peuvent être explorées. Les auteurs recommandent de passer d’un portail passif à une plateforme d’orientation active : dans ce cadre, il s’agit de diversifier les canaux de communication (médias sociaux ciblés, webinaires) et institutionnaliser les réseaux d’anciens élèves (alumnis) pour qu’ils servent de relais d’information et de mentorat. Il s’agit aussi de développer des incitations stratégiques : Au-delà des aides financières génériques, il est important de créer des programmes de bourses d’excellence spécifiquement fléchés vers les filières et compétences jugées prioritaires pour le développement du Maroc (énergies renouvelables, numérique, santé, …). Les auteurs recommandent de construire un «pont» pour le retour en mettant en place un programme d’accompagnement durant les études et créer une plateforme de réintégration offrant des informations claires sur les opportunités de carrière au Maroc, des offres de stages et des événements de réseautage avec les entreprises marocaines. Parmi les autres recommandations, il est essentiel d’ étudier l’efficacité des modèles de «guichet unique» comme Campus France, non pour en copier le modèle de recrutement, mais pour en comprendre les mécanismes de structuration et de facilitation du parcours étudiant et les adapter à un objectif de migration circulaire. Les auteurs notent qu’une analyse future pourrait cartographier l’écosystème beaucoup plus large des agences d’orientation privées, dont l’influence est considérable. La présente analyse s’est concentrée sur l’offre d’orientation . Et par conséquent, une étude complémentaire est nécessaire pour comprendre la perspective des étudiants eux-mêmes, à savoir leurs motivations, leurs parcours et leurs intentions de retour. Enfin, les auteurs estiment qu’une enquête quantitative à grande échelle auprès de la communauté étudiante marocaine constituerait une prochaine étape logique pour approfondir la compréhension de ce phénomène stratégique.





