Crime passionnel
Elle était médecin, lui policier. Deux existences que tout opposait, réunies par un hasard devenu fatal. Une relation d’amour rongée par la jalousie et les dettes qui s’est achevée dans le fracas d’un coup de feu à Casablanca.
Elle est médecin de trente-neuf ans, divorcée, rayonnante, issue d’un milieu aisé et demeure à Mohammedia. Dans sa voiture, 4×4, toujours soignée, tout respirait la réussite tranquille et l’assurance d’une vie maîtrisée. Lui est également divorcé, plus jeune qu’elle, policier, grade brigadier exerçant à la brigade des motards, les traits fatigués par les heures de service et les désillusions du quotidien. Ils s’étaient rencontrés par un pur hasard. Une rencontre née d’une relation à la fois douce et périlleuse, faite d’attachement et de déséquilibre.
Au début, tout semblait simple. Un peu d’attention, des messages tardifs, des promesses. Elle voyait en lui la spontanéité qu’elle avait perdue et il voyait en elle la stabilité qu’il n’avait jamais eue. Mais l’argent s’en est mêlé, la jalousie aussi. Les conversations sont devenues des disputes, les doutes ont remplacé la tendresse.
Ce soir-là, du vendredi 17 octobre, elle était venue le voir, non loin du son lieu de travail, à savoir la préfecture de la sûreté à Casablanca. Pour quelle raison l’a-t-elle rejoint alors qu’il était en plein service ? Ne pouvait-elle pas attendre, par exemple, le lendemain matin ? A-t-elle décidé d’en finir avec les malentendus ? Elle aurait voulu des explications, aurait pu aussi récupérer une somme d’argent qu’elle disait lui avoir confiée. Lui aurait voulu éviter le scandale et reporter la discussion. Mais elle aurait insisté, ne lâchait pas prise. La tension montait dans la voiture, les mots se heurtaient, se blessaient. Puis il y eut un geste brusque, une colère qui déborde et un coup de feu tiré de l’arme de fonction.
La balle a traversé la tête de la doctoresse et la vitre latérale droite de la voiture. La situation semble avoir dépassé l’imagination. Le silence qui a suivi n’a duré qu’une seconde. Puis les cris, les sirènes, les pas précipités. L’homme a quitté la voiture en courant, poursuivi par deux collègues. Deux balles ont sifflé dans l’air avant qu’il ne tente de retourner l’arme contre lui. Il a failli y parvenir si une main fraternelle n’avait pas dévié la trajectoire de la dernière balle.
Maintenant, il est alité entre la vie et la mort, sous surveillance médicale. Elle, repose à la morgue.





