Auto-critique
Alors oui il y avait des fumigènes, il y avait des pétards, il y a eu des débordements, le tartan a été victime de gestes excessifs, mais de là à traiter ces jeunes de racailles il y a un pas à ne pas franchir.

Et si plutôt que de se répandre en invectives sur les réseaux sociaux,
Et si au lieu de condamner les jeunes quoi qu’ils fassent,
Et si nous nous faisions l’effort de nous investir, nous adultes, sur les réseaux sociaux, où l’on pourrait entamer le dialogue avec cette jeunesse, que l’on a tant de mal à aborder dans la vraie vie.
Et si nous cessions de laisser cette jeunesse face à elle-même tant sur le terrain que sur le Web où très rares sont ceux d’entre nous qui se posent en interlocuteurs…
Au lieu de cela nous sommes moralisateurs, donneurs de leçons, nous émettons des avis définitifs, cassants, destructeurs… accentuant encore un peu plus la fracture avec ceux qui sont eux aussi enfants de ce pays, nos enfants.
O bien sûr la jeunesse n’a pas toujours raison et lorsque son comportement nécessite d’être dénoncé il est juste de le faire. Un jeune a besoin de limites, de règles, de valeurs… à qui donc revient la tâche de les transmettre ?
Lors du derby wydad-Raja il y a quelques jours, j’ai lu tant et tant de critiques d’une virulence telle que je me suis pris à me demander comment on pouvait répondre à cette «violence» de la jeunesse dans les gradins par une aussi grande violence verbale?
Les supporters des deux équipes ont fait preuve d’une créativité et d’une inventivité incroyable et le spectacle a été salué par tous les médias. Alors oui il y avait des fumigènes, il y avait des pétards, il y a eu des débordements, le tartan a été victime de gestes excessifs, mais de là à traiter ces jeunes de racailles il y a un pas à ne pas franchir, car les clubs de supporters sont aujourd’hui un mouvement irrésistible qui regroupe des milliers de cette jeunesse passionnée de foot.
Plus qu’aucune organisation, plus qu’aucun parti politique…
Et puis au lieu de renvoyer la jeunesse à elle-même, faisons notre auto-critique et regardons les choses en face : le foot, les clubs de supporters, les matchs… offrent à ces jeunes un sentiment d’appartenance, des repères identitaires, une famille, de l’enthousiasme, de la joie, une occasion de s’exprimer, du défoulement…
Et nous donc, que leur proposons-nous ?
Quels sont les espaces, les lieux de vie, les occasions de fête que nous leur offrons?
Dénoncer l’incivisme des jeunes aurait du sens si nous étions quant à nous des modèles en ce domaine : on leur reproche d’avoir mis des vies en danger ce soir-là, soit, mais que faisons nous d’autre, au quotidien, par notre comportement au volant?
Ne croyez pas que les jeunes ne nous regardent pas et croyez-moi le jugement qu’ils ont sur nous n’est pas reluisant, mais eux s’abstiennent de nous excommunier à longueur de posts sur les réseaux sociaux… Croyez-vous que c’est ainsi que nous allons renouer le lien avec les jeunes générations ? Nous allons finir par vivre dans 2 mondes parallèles (si ce n’est déjà fait) : leur idole El Grande Toto, nous passons notre temps à le démolir, le rap ce n’est pas une musique à nos yeux, leur façon de supporter leurs équipes de foot nous la détestons…
Je sais pertinemment que certains vont détester mon plaidoyer, je sais qu’ils vont m’accuser de tous les maux… de glorifier une jeunesse… peu importe… s’il n’en reste qu’un je serai celui-là !
Et d’ailleurs ce sont ces mêmes jeunes qui étaient les premiers à descendre manifester leur joie, vendredi soir, dans les rues de Casa, Tanger, Laayoune, Dakhla, Rabat, Essaouira, Marrakech… suite à la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est la même Génération Maroc qui laissait éclater sa joie et son patriotisme dans les gradins du stade d’Honneur et dans les avenues de nos villes.
Il suffit d’une main tendue, d’une écoute attentive, d’une empathie affectueuse, de bienveillance et ces jeunes nous les (re)découvrirons, nous les (re)gagnerons… ils sont les petits enfants de la Marche Verte, ils sont ceux qui écriront la suite…
Et si nous leur faisions confiance ?!

 

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