Mieux communiquer, mieux vivre…
Geste machinal
Je me suis auto-diagnostiquée, comme on dit. Pas avec gravité, mais avec curiosité.Et j’ai compris que le «trop s’excuser» n’est pas anodin. Ce n’est pas simplement une habitude de politesse excessive. C’est parfois un signal. Souvent même !!! .
Il m’arrive parfois de m’excuser sans même savoir pourquoi. Pas forcément pour des choses graves, ni même importantes. Parfois juste… pour exister un peu trop fort.
«Pardon», je dis, quand quelqu’un me coupe la parole.
«Pardon», quand je passe devant quelqu’un dans un couloir, même si c’est moi qui me suis décalée.
«Pardon», quand je demande un service légitime.
Et le plus étrange, c’est que ces excuses-là sortent toutes seules, comme un réflexe conditionné.
Récemment, une émission de télé m’a arrêtée net. Le sujet c’était «Pourquoi certaines personnes s’excusent-elles trop ?»
Je me suis surprise à hausser les sourcils: tiens, ça me parle. Ce n’est pas que je me suis reconnue totalement, mais disons que certains passages ont résonné, comme une mélodie familière. J’ai écouté jusqu’à la fin, avec cette impression que quelqu’un décrivait une part discrète de moi, voire moins discrète des fois…
Alors, j’ai eu envie d’en savoir plus. De comprendre ce geste machinal, cette petite phrase qui s’échappe avant même qu’on ait réfléchi.
Je me suis auto-diagnostiquée, comme on dit. Pas avec gravité, mais avec curiosité.
Et j’ai compris que le «trop s’excuser» n’est pas anodin. Ce n’est pas simplement une habitude de politesse excessive. C’est parfois un signal. Souvent même !!! Un signal d’une estime de soi un peu vacillante.
Un besoin maladroit de se faire accepter.
Ou encore la trace d’un vieux conditionnement : celui de ne pas déranger, de ne pas prendre trop de place.
Quand j’étais enfant, on me disait souvent, on nous le disait à tous je crois bien «Sois gentille». Et j’ai peut-être confondu, pendant longtemps, gentillesse et légitimité à prendre de l’espace. J’ai cru qu’être aimée, c’était être accommodante. Que dire «pardon» rendait plus douce, plus facile à vivre. S’excuser devenait alors une manière d’éviter les tensions, d’arrondir les angles, de ne froisser personne.
Mais à force d’arrondir, on finit parfois par s’effacer.
En ce qui me concerne ce comportement est extrêmement paradoxal car je ne suis pas de nature discrète en général, je ris fort, parle fort des fois, un peu plus que des fois je vous l’avoue, on m’entend quoi !!!
Et puis, il y a ces moments où je m’excuse sans véritable raison, ou d’autres vont s’excuser d’exister pleinement :
quand on partage une idée en réunion et qu’on la précède d’un «désolée, je ne sais pas si c’est pertinent…» ou quand on reçoit un compliment et qu’on répond : «oh non, ce n’était rien, désolée, j’ai juste eu de la chance.»
Ce «désolée» se glisse alors dans les moindres recoins de la conversation, comme pour s’assurer qu’on ne dérange pas trop le monde.
J’ai lu, dans mes recherches, que cette tendance pouvait aussi venir du syndrome de l’imposteur : ce sentiment diffus de ne jamais être tout à fait à sa place, de devoir constamment prouver qu’on mérite d’être là. Alors, on s’excuse d’exister, d’avoir réussi, d’occuper un poste, d’être visible.
C’est une manière inconsciente de dire : «Ne t’inquiète pas, je ne suis pas une menace. Je ne fais que passer.»
Et pourtant, il y a une grande beauté dans le mot pardon quand il est juste. Quand il répare, quand il reconnecte, quand il apaise.
Mais à trop le répéter, il perd sa valeur, il se vide de sens.
Il devient un tic verbal, une posture, un masque de modestie qui cache une peur plus profonde : celle de décevoir.
Alors, comment s’en libérer ?!!
J’ai essayé quelques petits exercices. D’abord, observer chez moi et autour de moi, j’ai également échangé sur le sujet et donc repérer à quel moment ces «pardon» surgissent.
Est-ce devant une autorité ?!
Dans un moment de doute ? Face à quelqu’un qu’on admire ?
Donc. On observe pour identifier les moments et les ressentis puis on remplace. Au lieu de dire «pardon d’être en retard», dire «merci de m’avoir attendue».
Remplacer la culpabilité par la gratitude.
C’est fou comme ce simple glissement change tout : on garde la bienveillance et on restaure aussi une forme de dignité, de confiance…
Et puis, on s’entraîne à laisser des silences. À ne pas combler chaque hésitation par une excuse.
À respirer. À se dire : «Je suis légitime d’être là, d’avoir ma place, ma voix, mon rythme».
Les autres ne demandent pas qu’on s’excuse d’exister ; souvent, c’est nous qui croyons devoir le faire.
Il y a aussi, bien sûr, l’autre extrême : ceux qui ne s’excusent jamais, même quand ils devraient. Je n’ai pas envie d’aller sur ce terrain-là aujourd’hui. Parce que le trop ou le trop peu d’excuses viennent souvent de la même source : la peur. Peur de perdre, peur de paraître faible, peur d’être rejeté.
Alors, si tu te reconnais un peu dans ces lignes, respire. Tu n’es pas seul…
S’excuser de trop, c’est souvent le signe d’un cœur sensible, attentif aux autres. Ce n’est pas un défaut, juste un déséquilibre à réajuster. Une empathie surdimensionnée…
Apprenons ensemble à mieux communiquer sur nos «pardon» et nos «excuse-moi»… et vivons mieux avec nous-mêmes et avec les autres…
Souhaites-tu que je te la reformule dans le ton d’une chronique pour la presse (plus journalistique, avec une introduction plus punchée et un titre percutant) ? Ou tu préfères garder ce ton plus intime et fluide, presque comme une lettre ouverte ?





