Seconde instance
La Chambre criminelle près la Cour d’appel d’Al Hoceïma a considérablement alourdi la peine, en phase de seconde instance, d’un jeune homme incestueux. La peine initiale de huit ans de prison prononcée en première instance a été portée à quinze ans de réclusion.
Le verdict est tombé le mardi 30 septembre. Quinze années durant lesquelles les murs d’une prison tenteront de contenir l’horreur qui s’est insinuée, pendant cinq longues années, dans l’intimité trahie d’une famille. En effet, cette histoire qui vient d’être close définitivement par la chambre criminelle près la Cour d’appel d’Al Hoceïma est bien plus qu’un simple dossier. C’est le récit glaçant d’une confiance brisée et de l’enfance volée d’une fille mineure.
Tout a commencé en juillet 2020. L’oncle est revenu au foyer familial situé dans la commune rurale Bni Ahmed Imoukzan relevant de la province d’Al Hoceïma et ce, après avoir décroché sa licence après un parcours estudiantin réussi à l’Université Abdelmalek Essaâdi. Un neveu instruit qui a fait la fierté de la famille. Mais personne ne croyait que ce jeune homme, censé la protéger, va devenir le cauchemar de sa propre nièce.
La petite avait neuf ans à peine quand les premiers gestes inappropriés sont venus souiller son innocence. D’abord, des attouchements furtifs, dissimulés sous des prétextes fallacieux. Puis un silence, lourd et complice, s’est installé, que l’agresseur a patiemment tissé, s’assurant la complicité de l’enfant par la peur, mais aussi par la séduction en lui offrant une tablette électronique. Et le piège s’est refermé doucement. Au fil des années, l’horreur a pris de l’ampleur. Les simples attouchements ont cédé la place à des séances de visionnage de vidéos pornographiques, puis aux abus sexuels. L’adolescente grandissait, son corps changeait, mais le calvaire persistait, s’installant dans une terrible routine. Jusqu’à ce jour où, n’en pouvant plus, elle s’est confiée à sa sœur. Les mots, hésitants d’abord, puis plus assurés, décrivent l’indicible. Le choc qui a suivi cette révélation a ébranlé les fondements même de la famille.
Le père, incrédule face aux accusations portées contre son propre frère, a pourtant écouté sa fille. Et dans ses yeux, il a vu la vérité, une vérité qui faisait mal. La plainte a été déposée, la machine judiciaire s’est mise en branle. L’arrestation du mis en cause par les éléments de la gendarmerie royale de Targuist en juillet dernier a eu lieu. Face aux enquêteurs, le jeune homme a d’abord reconnu les faits, détaillant avec une froide précision comment il avait progressivement mis sa nièce dans ses filets. Mais devant les juges, le revirement a été brutal. Les aveux se sont évaporés, laissant place au déni. Mais, la jeune fille de quatorze ans a dû affronter son bourreau. Et la décision de la Cour était de porter la peine de huit à quinze années d’emprisonnement pour rendre à l’adolescente sa confiance en soi.





